Napoléon Buonaparte,

Libérateur de l’Italie en 67 combats et 17 grandes batail-les, s’est arrêté à Domdidier, ici en l’auberge de la Croix-Blanche le 23 novembre 1797.

Il venait de signer la paix de Campo Formio, avec l’Autriche, et se rendait de Milan à Rastatt pour le congrès qui devait mettre fin à la guerre d’Allemagne.

Il arrive de Genève tout d’une traite, pelotonné au fond de sa berline et il a voyagé toute la nuit.

Dans la cuisine de l’auberge, une grande flambée jette de vives lueurs.

Bonaparte s’est assis sur un escabeau, les jambes tendues vers l’âtre. A ses côtés, debout, immobiles et silencieux, se tiennent ses adjudants Junod et Mormont. On lui sert un pot de café brûlant et des oeufs cuits sur le poêlon. Le frugal repas expédié, une carte est déployée sur la table.

On parle du Fricktal, de la frontière suisse du Rhin, des ponts de pierre de Rheinfelden, de Stein et de Laufenbourg qu’il faudra tenir.

A 10 heures, branle-bas de départ. Et c’est successivement: Morat, où une rupture d’essieu retient Buonaparte sur le fameux champ de bataille, Berne, traversée en coup de vent, Fraubrunnen, où il passe la nuit, Soleure, et enfin, Bâle, où il entre triomphalement par la porte de Saint-Alban.

Ce voyage à travers la Suisse, de Genève à Bâle, a duré deux jours à peine, du 22, à la nuit tombante, au 24 à midi.

Texte: Georges Ducotterd